
Marine Le Pen à l’occasion de son discours sur la place de l’Opéra à Paris, le 1er mai 2014. Comme d’autres, notamment Charles Martel, Jeanne d’Arc est une figure historique tutélaire pour le parti d’extrême-droite.
En cette veille du second tour des élections départementales, un petit billet court pour faire état d’une réflexion fugace suite à la découverte des travaux de Cécile Alduy, notamment de son dernier ouvrage [1], avec le visionnage de cette vidéo. Cette dernière y présente et y résume, au cours d’un débat organisé par la Fondation Jean Jaurès, son propos, qui est d’affirmer que si la forme du discours de la députée européenne a subi de nombreuses modifications du fait de la stratégie de “dédiabolisation” du Front National, le fond est, quant à lui, demeuré le même. Chacun tirera les conclusions politiques et citoyennes d’un tel argumentaire, infirmer ou confirmer cela ne sera pas le but de ce billet.
Mais elle [Marine Le Pen, ndlr] a investi un champ beaucoup plus intéressant, qui est le mythe. Et le mythe, par rapport aux petites anecdotes de la vie politique de Monsieur ou Madame, a une aura et une portée mobilisatrice bien supérieure. Alors si vous entendez Marine Le Pen dans un discours à ses militants, c’est quand même une des rares qui réussi à décrire l’ensemble de l’histoire de France et à insérer la position du Front National dans cette histoire collective. Elle va rameuter la France éternelle, des Mérovingiens aux Capétiens etc…, engranger les fruits de la Révolution, de la IIIème République et de la Vème et inscrire le Front National à l’apogée de cette histoire collective comme le parti qui va reprendre le flambeau et faire vivre cette épopée nationale. L’épopée, historiquement, dans tous les peuples, c’est très mobilisateur, ça donne du sens commun, un sens en plus stable et rassurant à l’auditoire.
[1] C. Alduy et S. Wahnich, Marine Le Pen prises aux mots. Décryptage du nouveau discours frontiste, Paris, 2015
[2] Entre 6 minutes 50 et 8 minutes 10 de la vidéo citée précédemment.
Passionné depuis petit par l’Histoire, j’en ai naturellement fait mes études à Tours puis Strasbourg. C’est à cette époque que je commence à m’intéresser de près à l’impact de l’Histoire dans le présent et à ses usages publics. Diplômé d’un Master recherche Histoire ancienne, avec ce blog je continue mes recherches et partage mes opinions sur différents thèmes, autant des réponses à des polémiques que des réflexions théoriques. J’habite actuellement à Kaohsiung, Taïwan.